Quarante jours sans nature. Quand j’ai posé mon pied dans le parc, j’ai cru découvrir les arbres pour la première fois. Qu’ils sont grands, qu’ils sont beaux, qu’ils sont majestueux. J’ai vu le vert des feuilles m’envoûter de félicité. J’ai versé une larme sur une branche que j’ai caressé doucement. J’ai plongé mes doigts dans la Terre les laissant se noircir avec plaisir. J’ai ouvert mes narines le plus grand possible pour qu’elles se nourrissent de toutes les essences que faisait danser le vent. Toutes les tensions sont parties dans les racines du grand pin. Je l’ai remercié en lui déposant un baiser sur son tronc. Si pleine. Le chakra de mon coeur s’est ouvert comme une fleur. C’était un instant suspendu en dehors du temps, loin du confinement. On a ignoré les banderoles de police qui barraient la porte. On a bravé l’interdit. On l’a fait car aujourd’hui est un jour solennel. Hier, on a recueilli un oiseau blessé par Momiji, notre chat. On a tenté de le sauver en vain. On lui a apporté tout notre amour jusqu’à la fin. On voulait lui rendre honneur et le rendre à la Terre, notre mère. Retour à la source. On l’a mis directement dans le sol. Om mani padme houm. J’ai remercié le pin encore, pour qu’il prenne soin de lui. On a mis des bâtons et des pierres, accroupis, cachés par les branches, Chiko, notre chien, allongé calmement comme s’il comprenait, les rayons du soleil perçaient les épines pour teindre nos cheveux d’or. The circle of life. RESPIRE.
Ma grand-mère et ma mère se sont mises à la confection de masques. Nouvelle mode 2020.